Culture masquée, sourires oubliés

Entre deux confinements, La Naine Rouge a eu la chance de pouvoir continuer à travailler. La chance de pouvoir être confronté.e.s à la détresse culturelle des enfants ? Non. Mais la chance d’apporter, dans leur espace du quotidien, une goutte de culture dans une marée de gel hydroalcoolique. La chance de deviner des sourires derrière une armée de masques chirurgicaux.

CHEMIN(S), à l’école Ferdinand Buisson, à Mérignac, mars 2021

« Pourquoi la marionnette a le droit de ne pas porter de masque ? »
Il faut à tout prix respecter la distanciation physique avec cette marionnette qui transgresse les gestes barrières ! Les enfants que nous rencontrons n’ont pas de recul sur la temporalité de cette situation. C’est comme si ça avait toujours été et sera toujours ainsi : des masques, du gel, de la distance. Pas d’expression sur ces visages bleus, pas de saletés sur ces mains desséchées. Donner vie à une marionnette et la rattacher à la réalité ne devient plus une question d’expression et d’émotion mais de port du masque et de lavage de mains. Les bonshommes de leurs dessins sont privés de bouche et sans doute que leurs mains sont propres, à eux aussi !

« MASHA et le dernier hiver » au Centre Social
Bordeaux Nord, janvier 2021

Nous nous efforçons alors de jouer affublé.e.s de masques transparents, pour que nos petit.e.s spectateur.rice.s se rappellent ce qu’est une expression faciale. Peu importe l’oxygène pourvu qu’on ait le sourire !

Dans cette ambiance post ou pré-apocalyptique, l’espace ludique devient, lui aussi, aseptisé. Mais ce phénomène plus grand que nous modifie chacune de nos expériences : quand, avec ces enfants en manque de spectacle, en manque de culture, en manque de contact humain, en manque d’expression, qui oublient de dessiner des sourires, on partage notre univers et notre pulsion de création, quelle bouffée d’air ! Pour les enfants, comme pour nous, même à travers un masque asphyxiant !





En temps de crise, le théâtre, c’est extra-ordinaire. On y oublie cette détresse qui nous entoure, on n’y parle pas de virus.
En temps de crise, le théâtre, c’est l’endroit d’autres luttes. Les discussions n’y ont jamais été aussi vives, les émotions n’y ont jamais été aussi intenses.
En temps de crise, le théâtre, c’est ESSENTIEL.

L’équipe de La Naine Rouge
Margaux, Kévin, Juliette et Elise