Retour à l’essence (même)

On dit que c’est du chaos que (re)naissent toutes choses.

Dans une période de trouble collectif qui nous contraint et nous confine, chacun.e semble se (re)trouver face à ses besoins, ses désirs et ses droits – aux sens libres et vitaux des termes. On continue à vivre, on survit, on réagit, on (ré)apprend à consommer, à communiquer et à cultiver un autre rapport au temps présent, partagé essentiellement avec nos proches.

On (ré)apprend à écouter, à observer, à déguster chaque chose et à apprécier notre environnement naturel. Et on se détache peu à peu de notre confort habituel, on se met à rêver à un peu plus d’espace et de liberté et on envie tous ces animaux sauvages qui ne portent pas de masque et sont libres de leurs mouvements.

A ce propos, le Loup de La Fontaine court toujours, et ce depuis plus de trois siècles ! Certains disent qu’il est même en train d’étendre sacrément son territoire. Alors « gare au loup !! »

On dit aussi que même dans les circonstances les plus terribles, l’être humain a besoin qu’on lui raconte des histoires : un magnifique exemple en est l’histoire de Flora dans le camp de Stutthof (reprise par Sobol dans Ghetto) et de son petit théâtre de pain clandestin, qui accompagnait les condamnés jusqu’à la fin.

Les histoires sont aussi indispensables à notre psychisme que l’oxygène à notre organisme. Elles nous font rêver, nous aident à résoudre nos conflits, nous donnent de l’espoir pour l’avenir, nous permettent de mûrir, et parfois même de rester en vie.

Aujourd’hui, les artistes du monde entier, ainsi que tous les acteurs culturels qui les accompagnent, se mobilisent et œuvrent quotidiennement, même confinés, pour que les arts vivants continuent d’exister et de faire vibrer les cœurs et les esprits.

Ici, aux 3A, on est aussi sur le pont, on tient le cap et on fait face à la tempête. On s’est momentanément transformés en balise pour quelques poignées de marins égarés, ou carrément en bouée de sauvetage pour ceux qui prennent le plus l’eau. On tente de décrypter au mieux toutes les interrogations qui se croisent et s’entrechoquent en ce moment entre les artistes, les compagnies, les lieux intermédiaires, les organisateurs, les programmateurs, les politiques, les syndicats, les fédérations… on suit de près les prochains mouvements de marée et puis surtout on reste mobilisés pour que les arts vivants restent à flot.

Prenez soin de vos histoires. Prenez soin de vous.
A très vite,

L’équipe des 3A, artistes, compagnies et lieux associés