La Zone

Je suis chorégraphe franco-russe, mais j’ai aussi des origines ukrainiennes. En 2018, j’ai créé mon premier solo « La Zone » qui s’opposait au conflit en Ukraine.

En 2020, deux ans après sa présentation en Russie, j’ai appris que les organisateurs ont été convoqués et ont été réprimandés : « Comment avez-vous pu programmer les nationalistes ukrainiens ?! » Je ne pensais pas que je reconvoquerai ce solo aujourd’hui, dans un contexte pareil.

En 2022, je suis dépossédée, anéantie, ahurie par l’invasion de l’Ukraine par mon pays. Comment vivre avec cette honte, cette responsabilité ? Honte de ne pas avoir fait assez de choses, de ne pas avoir lutté assez quand j’étais encore en Russie… Honte d’avoir choisi d’être artiste et de ne pas être restée militante des droits humains. Le regret d’être partie, de ne pas avoir essayé de l’arrêter, par tous les moyens possibles : en allant manifester, en écrivant des pétitions, en luttant tous les jours dans un combat sans fin… Comment vivre avec ce sentiment ? Comme si j’avais appris que mon père était tueur en série… Comme si ma mère avait tué mon frère… Que puis-je faire ? A part donner mon corps, le partager avec vous, pour disparaître, devenir poussière, donner de ma chair et de mon sang pour que vous puissiez en manger. Pourrais-je sauver le monde de cette manière ?

Je voudrais m’accrocher au corps, à la chair, quand il n’y a plus de retour en arrière possible, quand les mots ne suffisent plus, quand les mots peuvent tuer… Comment être corps face à cette guerre d’information entre deux grandes puissances devenue une guerre réelle ?

Nous venons d’enlever les masques, nous savions que le monde était condamné face au réchauffement climatique, lié à l’activité humaine. Mais le 22/02/2022 la Russie a voulu proclamer l’indépendance des régions ukrainiennes autour des villes de Donetsk et de Lougansk, deux jours après nous assistons à une nouvelle guerre en Europe. Un monde de fiction qui s’écroule comme un château de cartes. Que ferons-nous de cette impasse, que ferons-nous de nos corps qui ne pouvaient plus embrasser, se rassembler, aimer pendant 2 ans et demi ? Que ferons-nous de nos corps qui empathisent les Ukrainiens cachés dans les caves ? Comment vivre avec cela ?

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Plusieurs représentations sont à venir à Bordeaux :

14, 15 et 16 avril à 19h30 au Cerisier (7-11 rue Joseph Brunet à Bordeaux)
La représentation du 16 avril sera suivie d’un concert de Bastien Fréjaville, créateur sonore et musicien de la cie FluO.

Réservations par mail à fluo.cie@gmail.com ou par texto 07.69.85.67.10

Les recettes de la billetterie seront reversées à des associations venant en aide à la population ukrainienne et aux manifestants russes.


5, 6 et 7 mai à 19h30 à La Galerie BAG (28 rue du Mirail à Bordeaux)
La représentation du 7 mai sera suivie d’un concert de Bastien Fréjaville, créateur sonore et musicien de la cie FluO.
Plus d’infos à venir.