Le juste équilibre

A l’approche de la prochaine sortie de résidence d’Epopée (création février 2023), nous vous proposons une immersion au cœur de la création du spectacle avec Frédéric Vern, metteur en scène….

Non, Irene, je n’oublie pas : une langue poétique et universelle, visuelle et sonore, incarnée.
Facile !
Là, c’est parfait : le sourd comprend, puisque tu signes. Et moi, qui ne parle pas la LSF, je comprends très bien.
Tu demanderas quand même à Sandrine si la phrase signée est fluide. Si elle est claire.
Et les allophones ? Ah oui, c’est vrai, les allophones, j’avais oublié …
Bon, essayons autrement.

Faudra demander à François s’il tient à ce que cette phrase soit dite comme il l’a écrite.
Ceci dit, je connais déjà sa réponse :
« Fred, je vous ai écrit une sorte de scénario et puis c’est tout : à vous de trouver l’équilibre entre la compréhension et la poésie. Une épopée, c’est une succession d’épisodes, c’est un long récit : vous allez galérer. »
Super. Merci.

Vas-y, Marc, lance la musique !
À ce moment-là, il me semble qu’il en faudrait un tout petit peu plus.
C’est fou tout ce que ça nous raconte.
Chante ! Chante !
Ça complète notre langue, et ça ouvre l’imaginaire.

Est-ce qu’on comprend ce qu’on veut dire à ce moment-là ? Non ?
Mais est-ce qu’on accepte de ne pas comprendre ?
Et puis finalement, a-t-on vraiment besoin de comprendre ce qu’on veut dire à ce moment-là ?

Sur ce début de scène, il faut que la lumière de ton téléphone rende les dessins de Camille vivants.
Oui, vivants !
Je te jure que ça marche.
Voilà. Tu vois, ce qu’on avait peur de ne pas comprendre, eh bien tout à coup, ça s’éclaire.
Et la couleur, elle rajoute vraiment quelque chose.
Moi aussi je trouve ça super beau.

Est-ce qu’on veut que le sourd d’un côté et l’entendant de l’autre comprennent tout ? Et qu’ils comprennent la même chose au même moment ?
N’y a-t-il pas un espace de l’incertitude, de l’indicible, de « l’interprétable », où pourrait se glisser cette poésie qu’on cherche sans arrêt ?
Cette poésie d’une langue qu’on ressent plus qu’on ne la comprend. Cette langue que chacun peut entendre de façon singulière.

Il faudrait que le décor fasse encore un peu plus de place aux dessins.
J’appelle JC tout à l’heure.
Les mouvements qu’il propose de donner à la scéno, ça, c’est signifiant.
Ça structure le récit de François, sans fermer le sens.
Plus ça va, plus je pense qu’on a trop voulu donner toutes les clés.

Enlève ce mot, je crois qu’on n’en a pas besoin !
Signe cette phrase, plutôt que de la dire. Si, je t’assure: je comprends très bien.
Et pour ce moment, est-ce qu’on n’utiliserait pas un soupçon de mime ?
Attention, attention, c’est pas du stand-up !
Ou non ! Joue la situation, au présent.
Pas besoin de mot. Pas besoin de signe.
On y est, Irene. On y est.
Maintenant, là, tu peux parler.

Oui, je sais, c’est dur de renoncer à cette image.
Moi aussi j’adorais ce moment !
Mais on n’en a pas besoin, je crois.
Il nous faut encore renoncer. C’est ça le plus dur mais il faut le faire.
Ça fait partie du jeu : renoncer, renoncer, renoncer.

Bon, tu as raison.
Le juste équilibre, on l’a pas encore complètement trouvé.
Mais on s’en approche.
On n’en a jamais été aussi prêt.
Allez ! On reprend !


Prochaine sortie de résidence : jeudi 10 novembre à 15h au Cerisier (Bordeaux).

En savoir plus sur le spectacle.
Consultez le dossier de présentation.