Marionnettes et bande dessinée, comment interroger la différence ?

Anormaux ? Étranges ? Bizarroïdes ? INCLASSABLES.
Que signifient ces étiquettes ?
Ces cases dans lesquelles on nous enferme ou dans lesquelles on enferme les autres ?

La nouvelle création marionnettique de la Compagnie La Naine Rouge interroge les notions de normalité et normativité pour sensibiliser les jeunes publics à la différence et à l’inclusion.

La volonté d’aborder ces thèmes est née de nos rencontres.
Nos rencontres avec des enfants en situation de handicap à l’occasion d’ateliers de théâtre dans une structure d’accueil.
Nos rencontres avec des enfants des écoles publiques dans lesquelles nous sommes intervenu.e.s sur d’autres sujets (égalité fille/garçon, préjugés de genre…) avec d’autres spectacles (Souvenirs de nez crochus, Chemin(s)…)
Nos rencontres avec tous ces enfants entier.ère.s, surprenant.e.s, fatiguant.e.s, mouvementé.e.s, sans filtres, drôles…
Mais qui ne cessent de se juger entre eux, de se moquer les uns des autres, de se mettre à l’écart ;
qui n’osent pas être ce qu’ils et elles sont par peur du regard de l’autre ;
qui n’osent pas jouer à leur jeu préféré par peur de ne pas être accepté.e.s ;
qui essaient tant bien que mal de « rentrer dans les cases » sans trop savoir délimiter leurs bords.

(c) Catherine Passerin

Ces enfants nous ont ému.e.s, bouleversé.e.s et nous ont fait nous questionner sur le regard que l’on porte sur soi-même, sur les autres, sur nos a priori. Et donc sur la différence, sur l’inclusion et sur cette fameuse « normalité »… Et sur ces cases imaginaires et pourtant bien manifestes dans leur quotidien !
Autant de questionnements qui sont présents partout : à l’école, dans la rue ou à la maison.
Autant de questionnements qu’il est bon d’aborder en tout temps et en tout lieux.
Autant de questionnements que nous avons envie de partager avec les enfants et les plus grand.e.s.

Autant de questionnements que nous avons approfondis par nos lectures telles que, pour n’en citer que quelques uns, La différence invisible (de Julie Dachez et Mademoiselle Caroline), La casserole d’Anatole (Isabelle Carrier) ou Autobiographie d’une Courgette (Gilles Paris).

Nourri.e.s par ces rencontres et ces lectures, nous avons souhaité aborder ces questionnements de manière poétique et accessible à travers le handicap invisible et les troubles du comportement, dans une esthétique inspirée de la bande dessinée afin que les cases, qu’elles soient sociales, spatiales ou narrative, soient éprouvées, détournées, retournées, disloquées, déformées pour nous faire éprouver une autre réalité.

INCLASSABLES contera le quotidien d’un petit garçon solitaire et hypersensible qui « ne rentre pas dans les cases ». Il va affronter un nouveau choc émotionnel qui lui semble insurmontable, dû à son déménagement. Il cherchera à se reconstruire, trouver de nouveaux repères et faire face à ses nombreuses angoisses grâce à son imagination. Dans cette quête de l’ordinaire, il rencontrera des personnages qui ne rentrent pas non plus dans les cases, s’y trouvent trop à l’étroit, les envoient balader ou essaient de s’en débarrasser.
La finalité de son aventure ne sera ni de se rapprocher de la norme ni de nier les difficultés qu’il pourra encore rencontrer. Cependant, il apprendra à faire de ses différences de véritables alliées.

Au lieu de chercher à tout prix à rentrer dans une case, pourquoi ne pas s’en créer une ou toutes les déconstruire ?
INCLASSABLES met à l’honneur toutes nos individualités.
Comme pour nos précédentes créations, nous souhaitons que le théâtre soit une pratique ludique, sociale et politique. Nous imaginons des actions de médiation autour de l’esthétique et du sujet du spectacle afin d’approfondir la réflexion et les échanges avec nos jeunes spectateurs et spectatrices. Débats, lectures, ateliers de pratiques artistiques amènent chaque participant.e à travailler sur l’écoute de l’autre, le respect de la différence et la confiance en soi mais aussi sur son imagination, sa curiosité culturelle et sont expressivité artistique.

Surtout en ces heures d’isolement, de contextes pandémiques et géopolitiques particulièrement instables et accablants, il nous semble essentiel de développer nos imaginaires et notre solidarité.

Sorties de résidence à venir en mars
jeudi 17 mars à 10h : Espace Simone Signoret, 1 av. Carnot (Cenon-33)
jeudi 24 mars à 10h : Salle des Fêtes du Grand-Parc , 39 cours de Luze (Bordeaux-33)

(c) Catherine Passerin

L’équipe de La Naine Rouge