La rentrée de la Cie. FluO

En France l’été ne finit que le 21 septembre. Ce n’est pas le cas dans mon pays d’origine. On peut donc dire que les activités de la compagnie FluO s’inscrivent encore dans la période estivale et j’en suis ravie.

Je suis ravie de prolonger l’été en participant au festival féministe et familial WeToo avec une nouvelle performance « Sur une étoile filante ». L’idée de cette performance est venue pendant mes cours de guitare avec une superbe guitariste, autrice et compositrice Benjbeil. J’ai demandé tout naïvement si elle savait improviser à la guitare, elle m’a montré ce qu’elle savait faire, et j’ai complètement adhéré. Elle avait déjà des ébauches d’un morceau qu’elle a dénommé « Danser sur une étoile filante ». J’avais une commande de performance pour le festival WeToo. J’ai proposé à Benjbeil de travailler ensemble.

Plus tard, j’ai appris que Ben est passionnée par la science-fiction. Nos conversations m’ont inspiré pour trouver un personnage de notre performance. Un être qui reprend possession de son corps après avoir été cryogénisé. Comment se tenir debout quand on n’a plus de muscles ? Comment réapprendre à marcher après 5 ans passés en stase ? Comment découvrir l’espace d’abord par le biais de son vaisseau spatial, puis en dansant avec les étoiles et les super-héros et héroïnes de l’espace. C’est une bulle cosmique que mon personnage a construit autour de lui qui l’aide à prendre possession de son corps et de l’espace, toujours en déséquilibre. Et ce sont des extraterrestres qui lui apprennent à respecter la terre-mère et à revenir à son humanité-animalité perdue. 

A vrai dire, Ben m’a redonné de l’espoir. Mon travail chorégraphique actuel porte sur le monde qui s’écroule (La Timidité des cimes) et le respect que les humains pourraient retrouver en s’inspirant du monde animal et végétal. Je n’arrive pas à être positive et optimiste. Nous avons dépassé de loin le temps où l’on pourrait encore changer la donne, faire baisser la température annuelle qui monte et éviter les glaces qui fondent. On pouvait le faire en 1950. Maintenant c’est trop tard… La seule solution pour moi était de nuire à ce monde le moins possible et de tâcher de rester humains, respectueux envers la nature et envers les autres animaux et humains. Une sorte de résignation éveillée.

Mais Benjbeil croit en la résilience, la capacité de l’humain à trouver des solutions, d’aller de l’avant, malgré tout. Pour elle, une des solutions c’est l’espace. Une possibilité de recréer des sociétés plus respectueuses. Est-ce que les humains arriveront à avancer ensemble ou continuerons à se taper dessus ? Est-ce que l’être humain va être transformé grâce et par l’espace ? Est-ce que cette rencontre du 3ème type changera les relations des humains entre eux et permettra un autre rapport envers notre corps, l’espace et le temps ? Rencontrons-nous des super-héros et héroïnes qui vont taper sur la gueule des méchants avec succès pour qu’ils perdent ?

Maintenant, c’est moi qui vais me casser la tête comment mener de front ces deux projets de création qui me tiennent à cœur… Sur une étoile filante et La Timidité des cimes, une poésie chorégraphique à ciel ouvert pour quatre danseur.euses et un pianiste, accueillie en résidence au Centre National de la danse de Pantin du 11 au 15 septembre (nous ouvrons le studio pour les curieux le 14 septembre à 17h), ainsi qu’à Montpellier Danse du 26 au 31 octobre avec un studio ouvert le 27 octobre à l’Agora.

Bientôt la fin de l’été… Mais le début de l’automne avec ces feuilles dorées et sa douceur. Respectons la nature, les animaux et les uns les autres, croyons en la résilience de l’humain et de la nature. N’est-ce pas les seules choses qui nous restent ?

Nadia Larina. Cie. FluO.

extrait de Staifia de G.Grossmann © bocalupo & Shelter Studio